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Polkavalgas
11 juin 2010

BOLIVIE

Apres avoir retrouve nos saltimbanques preferes a la frontiere bolivienne et avoir fete joyeusement avec eux l anniversaire de Paul, comme nous l avions imagine, nous nous sommes remis en selle pour une centaine de km. Pour rallier Tupiza de Villazon, il n y a pas de route, mais de la piste, donc cailloux, pousiere, crevaisons, casse de chaine, etc… Il faut rajouter aussi qu en Bolivia, les routes plates sont rares, meme lorsque l on perd de la denivelee, il y toujours des montees suivies de descentes. 3 jours de baroude avec des bivouacs memorables…A notre arrivee a Tupiza, nous avons decide de quitter la troupe qui continuait sur une piste tres pentue et avec peu de points d eau, en direction d Uyuni. Nous avons prefere prendre un train pour la meme direction. Dommage, le seul train circulant de nuit ne nous a pas permis de nous regaler les yeux, autant que nous l aurions souhaite. Tout de meme chanceux, car nuit de pleine lune, nous avons pu tout de meme distinguer des canyons splendides! On a su apres coup que les Zarma avaient casse un velo dans les cailloux, obliges de redescendre a Tupiza pour la reparation. Ils ont par la suite ete un peu malades pour avoir bu de l eau douteuse….Vive la jeunesse! A Uyuni nous avons decide de faire un tour de 3 jours dans le salar d Uyuni et a travers les lacs colores (laguna Colorada, Laguna Verde, Laguna Blanca), des sols a l activite volcanique, des volcans eteints. Cette region est riche en botrax (talc ou solvant pour dissoudre les minerais...), et depuis peu on y a decouvert du litium, lui aussi destine a l exportation et sans doute contribuera t il a l enrichissement du pays, si aucune nation ne trouve un subterfuge pour se l approprier…. Ce periple en 4X4, restera un magnifique souvenir, tant les paysages y sont eblouissants de couleur, de grandeur, d unicite, de sauvagerie… 3 jours a voyager entre 4500 et 5000 m d altitude. Bien aclimates depuis quelques semaines deja, nous n avons pas eu de dificultes particulieres…Les garcons nous ont encore impresionnes par leur bonne forme et leur endurance… De Uyuni, nous avons repris un bus pour nous rendre a Potosí. Nous n etions plus suffisamment motives pour pedaler sur de la piste. Un programme national de construction et d asphaltage des routes est en oeuvre, mais combien d annees durera t il ? C est dans cette ville que l on s installera pour 3 jours dans un superbe hotel peu honereux, avec une douche veritablement chaude!

POTOSI

Cite coloniale de 100 000 habitants, etablie a 4090 m d altitude, c est la plus haute ville du monde. L architecture baroque en fair une ville interesante a visiter pour un europeen ! Les maisons coloniales et les eglises y sont nombreuses. Depuis 1987, elle est inscrite au patrimoine mundial de l UNESCO. Elles est consideree comme l une des plus belles villes d Amerique du Sud. Potosi fut au coeur de l enrichissement de l Espagne coloniale. Au milieu du XVII e siecle, elle comptait 165 000 habitants et etait aussi importante que Paris ou Londres ! Ce furent les Incas, qui decouvrirent les premiers la montagne riche en argent pur, mais ils la considererent comme sacree et n y toucherent pas. En 1545, les espagnols se mirent a exploiter la CerroRico (colline riche).. Les reserves d argent pur s epuisant, en 1925, la ville ne comptait plus que 9000 habitants. Par ailleurs, on decouvre d autres mines d argent au Perou et au Mexique. C est la decouverte de l etain et surtout d un amalgame de minerais qui va relancer quelque peu l activite economique de la ville…

LA FOLIE DES HOMMES…

Nous ne pouvions pas nous arreter a Potosí, sans en visiter sa mine encore en activite. Nous voila donc partis pour un circuit de 3 heures, en compagnie de notre guide Jose Louis (parle le francais), a travers la mine et ses nombreuses galeries, entre 4200 et 4400 m. Une fois de plus, Valery et Gaston ont ete remarquables dans les meandros noirs, poussiereux et grimpants de certaines galeries. Durant les 3 siecles d exploitation espagnole, 8 millions d indiens et de noirs, y sont morts dans des conditions epouvantables. Le travail force les contraignaient a rester a l interieur de la mine pendant 4 mois. Ils mouraient tres tot d epuisement, de silicose, ou par les vapeurs toxiques du mercure servant au traitement de l argent. Aujourd hui encore, les conditions de travail n ont guere change. L altitude, la faible hauteur des galeries, les poussieres toxiques, les gaz, la detonation des explosifs en font un lieu de labeur infernal. Au bout de 10 a 15 ans de travail dans la mine, ils contractent la silicose. Pourtant, il existe une tradition familliale de travail dans la mine. Par ailleurs, un mineur gagne en 1 semaine ce que gagne un travailleur en 1 mois, plus bas dans le centre de la ville, alors…Un mineur travaille a la mine a partir de 18 ans, selon la regle en vigueur, pourtant tres souvent c est a 17,16,15 ans qu ils commencent. Une ancienne guide touristique m a meme dit qu ils debutaient parfois a 12 ans... Generalement, la journee commence vers 9h le matin, apres avoir avale un copieux petit dejeuner. Ils ne remangeront que le soir en sortant de la mine, soit vers 17heures. C est la feuille de coca qu ils machent toute la journee qui leur coupent la faim, leur donne de la force et supprime les effets de fatigue. Avaler quoique ce soit dans cet environnement de silice augmente son effet toxique. Le matin en entrant dans la mine, ils font une offrande au dieu Tata Kaj Chu, represente dans une des entrees de la mine, en esperant sa protection sous terre. Une fois par semaine, le Dimanche tres souvent, ils font des offrandes au “Tio” (oncle), mi homme, mi diable, peint en rouge, situe plus bas dans la mine. Pour invoquer sa bienveillance et sa protection, ils lui versent de l alcohol a 90 degres, lui placent des cigarettes allumees dans la bouche et eparpillent des feuilles de cocas sur lui. Ce rituel leur permet de tromper leur exitence difficile... Les outils utilises sont manuels hormis le marteau piqueur. Les mineurs utilisent sacs de caoutchouc et brouettes pour transporter les debris vers les lourds chariots (800kg a 1 tonne) qu ils poussent a l exterieur de la mine, le plus souvent a trois. Les mineurs sont independants et achetent eux meme leur propre materiel. Ils sont le plus souvent adherents a une cooperative a laquelle il doivent reverser 12% de la valeur d un chariot. Ils se regroupent souvent a trois ou plus. En contrepartie la cooperative leur reverse une pension mensuelle d invalidite en cas d accident ou de silicose. Elle leur assurent egalement une couverture medicale. Une legende veut que les femmes ne soient pas tolerees a l interieur de la mine. Elles porteraient malheur. En fait, ce serait surtout les epouses des mineurs qui risqueraient d attirer la jalousie de Pachamama ( La Mere Terre)... Quoiqu il en soit, ces femmes , les “pailiris” (celles qui trient), sont bien presentes aux abords des entrees de la mine. Chaque entree est en realite gardee par une famille complete. La vue de toutes ces femmes, enfants, et hommes travaillant a l extraction et au tri du “complexe”, assemblage de zinc, cuivre et plomb nous a profondement emus. Je n oublierai pas, je l espere le visage souriant de cette jeune femme, accompagnee de ses 2 enfants qui nous remerciait pour les petits presents apportes (boissons, coca, dynamite pour les mineurs,...). Nous echangeons trois mots, je lui caresse les mains et le visage, Suerte !.... Nous avons repris les velos pour rallier Potosi a Sucre. 150 km. Une route asphaltee pour notre plus grand bonheur, mais toujours des montees ! un panorama de moyenne montagne agreable et de tres beaux bivouacs comme les aime Polo... 3 jours plus tard, nous sommes a Sucre, jolie capitale, toute blanche... Nous y resterons 2 jours. Le marche central ( desormais notre“QG de la bouffe”, a chaque entree dans une ville ou un village), est particulierement sympathique et vivant. Comme a chaque fois, on y mange delicieusement bien pour quelques bolivianos. Les plats sont prepares par les femmes et servis sans embarras, comme a la maison , sur de longues tables comunes, ambiance ¡….

COPA, COPACABANA…

La motivation pour pedaler s amenuise…. Aussi, nous avons repris le bus pour La Paz.Arrives dans cette tres grande ville, nous vient l envie commune de la fuir : trop grande, trop bruyante, trop, trop… Illico, on reprend un bus pour Copacabana. Dans notre precipitation, nous confondons Copacabana et Cochabamba. On doit descendre du premier bus pour en reprendre un deuxieme. A chaque fois, gros boulot pour amarrer les velos demontes dans la soute des bus. Parfois les chauffeurs sont grognons et pas facilitants. D autres fois, ils sont vraiment sympas, mais le travail nous revient si l on veut retrouver les velos en bon etat de marche… En fin, nous arrivons a bonne destination. A notre grande surprise, la ville n est pas tres grande, tres tranquille, peu de touristes et plutot jolie. On decide de se payer des vacances (j en entends certains ricanner!) en y restant quelques tours. On visite l isla de l sol, sur le lac Titcaca : la petite plage au nord de l ile est un veritable havre de tranquillite, on deguste … 11 Juin 2010 : Nous pensons partir demain ou apres demain pour Puno au Perou, a velo (150km) et continuer sur Arequipa, si le velimoral des troupes s est requinque !… Ensuite, eh bein…, on sait pas. A suivre!

On a hate de vous retrouver et de vous embrasser tous ¡

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Commentaires
P
On retrouve ce que vous dites de Potosi dans ce texte d'Anne-France Dhauteville :<br /> <br /> POTOSI<br /> <br /> Potosi, un monstre qui a saigné les Andes pendant trois siècles. Une gueule béante qui avalait des hommes et vomissait des cadavres. Une machine à broyer les corps et les âmes. Tant, et si vite qu’il fallut bientôt envoyer la troupe chercher des esclaves de plus en plus loin. Jusqu’au-delà de Cuzco. En trois siècles, Potosi recracha trois millions de cadavres. Ils arrivaient, hébétés, épuisés. On les avait arrachés à leur terre, à leurs champs, à leurs villages. A coup de fouets, encadrés par des soldats en armes, on leur avait fait passer des journées entières à marcher et marcher encore, les femmes et les enfants suivaient comme ils le pouvaient. Au bout de la longue route, il y avait cette ville de maisons splendides, d’églises où l’or n’était que massif. Les seigneurs des mines donnaient des fêtes plus somptueuses que celles des rois d’Europe. Mais les Indiens, eux, on les jetait dans des baraques sordides et glacées, les hommes descendaient sous terre. Il régnait là une chaleur suffocante. Au pic, ils arrachaient du rocher la pierre mélangée d’argent qu’ils ramenaient sur leur dos afin qu’on l’emmène. Leurs mains saignaient, et leur cœur aussi. Ils étaient fils du soleil, fils de la terre, on les transformait en vers. Ironie, leurs tortionnaires leur octroyaient quelques pièces de monnaie pour leurs services. Pièces qu’ils échangeaient contre des feuilles de coca. La coca que l’on mâche afin de retrouver des forces quand on est trop épuisé pour porter sa pioche. La coca qui donne à celui qui va mourir l’illusion qu’il vivra encore. La coca qui enrichit les curés parce qu’ils touchent un pourcentage sur les paniers que les Blancs enfournent dans la mine. Avec la coca, mon cher Père, les Indiens meurent peut-être un peu plus vite, mais ils travaillent tellement mieux. Amen. Quand leur homme s’est éteint de désespoir, écrasé par la pierre qui s’effondre, brisé par la chute du haut d’une échelle, lacéré par les fouets, les poumons silicosés ou tout simplement de misère, les femmes rassemblent leurs enfants, à pied, elles reprennent le chemin de leur village. A Potosi, les élégantes en robe de Paris dansent sur leurs parquets précieux. Pour leur adresser la parole, les domestiques indiens se mettent à genoux.<br /> (...)<br /> A Potosi, nul ne peut aller pieds nus, nul ne peut vivre sans maison, il y fait si froid que le vagabond y meurt, crucifié par le gel sous le ciel le plus pur, le plus étoilé du monde. Et pourtant, je ne sens pas le froid en arpentant le Boulevard au milieu de ces gens qui me bousculent. Je perçois une ambiance unique, une sorte de tension dans les âmes comme un chant qui monte : on est ceux de Potosi ! On a résisté aux Espagnols ! Ils nous ont torturés, déportés, massacrés, mais on est ceux de Potosi. Nous mourons aujourd’hui de silicose, les poumons rongés par la poussière des mines. Nos femmes arrivent à peine à alimenter leurs enfants, on est ceux de Potosi. Les galeries des mines s’effondrent, on nous paie une misère, on expulse nos veuves des logements que la mine nous fournit, mais on est ceux de Potosi. On mâche la coca comme nos aïeux, on boit de l’alcool qui nous ronge, pour tenir, pour oublier. Mais on est ceux de Potosi. Les soldats nous tirent dessus quand on fait la grève, ils torturent nos meneurs, ils ont dressé les paysans contre nous ; quand nous nous battons, nous sommes seuls, tant pis, on est ceux de Potosi.<br /> <br /> Anne-France DAUTHEVILLE
P
Bon anniversaire à nous quatre!!!! C est avec un immense plaisir que nous nous remémorons cette journée, déjà 3ans. Encore une occasion de penser a vous. Cette année, pas de photos dans les champs de coquelicots, vous nous manquez! Finissez votre magnifique périple et revenez nous vite! On pense à vous.
C
Waouuuuuuu!!!!je pense à vous et à vos beaux mollets musclés !!!! Je vous embrasse trés trés fort !!
S
Nous sommes rassurés de vous savoir heureux sur vos routes Boliviennes et en pleine forme;nous suivons votre périple et sommes surpris par la rapidité de cette aventure,un an! <br /> Bientôt...nous vous accueillerons avec beaucoup de joie,mais profitez pleinement de ces instants que vous avez souhaités.<br /> Bonne route.<br /> Nous vous serrons très fort.simoneclaude.
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